Évolution de l’intensité de la dyspnée au cours d’un programme de réhabilitation respiratoire chez le patient atteint de bronchopneumopathie chronique obstructive

Introduction : La BPCO est une maladie respiratoire fréquente dont la prise en charge constitue un enjeu majeur de santé publique. La dyspnée est le symptôme qui handicape le plus la vie quotidienne des patients. Sa gestion est donc une priorité afin d’améliorer leur qualité de vie. La réhabilitation respiratoire est une option clé dans cet objectif mais peu de travaux existent concernant les patients les plus graves et il est possible que cette population ne tire pas autant de bénéfices que les autres d’un programme de réentraînement. Les objectifs de ce travail sont de suivre l’évolution de l’intensité de la dyspnée à l’effort au décours d’un tel programme, d’observer l’évolution des performances physiques et de la qualité de vie, de patients atteints de BPCO. Matériel et méthode : Étude monocentrique, monoservice (MPR Affections Respiratoires, CHU Bois-Guillaume) sur des patients BPCO, venant du domicile ou en post-exacerbation, pour réalisation d’un programme de réhabilitation respiratoire, d’octobre 2021 à mars 2023. Analyse rétrospective de données de soins courants avec recueil prospectif de questionnaires de qualité de vie. Comparaison des moyennes avant/après réhabilitation de la dyspnée d’effort maximale à l’EFX, au TDM6 et au 5TSST. Comparaison avant/après des performances à ces 3 mêmes tests ainsi qu’aux scores de qualité de vie (questionnaires SRI, HAD, PSQI). Recherche de corrélations entre l’évolution de la dyspnée et l’évolution des performances physiques. Résultats : 18 patients (11 hommes et 7 femmes) ont été inclus. Leur âge moyen était de 64,98 ans, leur VEMS moyen à 29,39 % de la théorique. Ils étaient insuffisants respiratoires pour au moins 78% d’entre eux. Il s’agissait donc majoritairement d’une population sévère à très sévère. Nous n’avons pas retrouvé d’amélioration significative de la dyspnée maximale sur l’échelle de Börg modifiée aux 3 tests : EFX : -0,83 (6,67→5,8) p = 0,6 ; TDM6 : -1,07 (4,93→3,86) p = 0,13 ; 5TSST : -0,54 (2,83→2,29) p = 0,12. En revanche, les performances physiques se sont améliorées avec une augmentation non significative de la VO2 Pic de +7,4% (38,4%→45,8% p = 0,14) et significative de la distance moyenne au TDM6 de +56,8 mètres (254m→310m p <0,01) ainsi qu’une baisse significative du temps moyen au 5TSST de -2,4 secondes (15,2s→12,8s p<0,01). De plus, la qualité de vie des patients était meilleure après réhabilitation avec une amélioration significative des scores aux 3 questionnaires : SRI total : +8,76% (47,9%→56,6% p <0,001) ; PSQI : -2,25 points (9,12→6,88 p = 0,037) ; HAD A : -2,38 points (8,38→6,00 p = 0,025). Enfin, on a observé une corrélation négative non significative entre l’évolution de la dyspnée et des performances à la VO2 Pic (r² = -0,31 p = 0,56) ainsi qu’entre l’évolution de la dyspnée et des performances au TDM6 (r² = -0,22 p = 0,49). Conclusion : Chez les patients BPCO les plus graves, malgré une absence de diminution de la dyspnée sur des efforts autogérés, nous avons constaté une amélioration des performances physiques ainsi que de la qualité de vie. Dans cette population, proposer un programme de réhabilitation respiratoire demeure indiqué. En parallèle, nous devrions à l’avenir, tenir compte des limites inhérentes de l’évaluation de la dyspnée d’effort afin de mieux la prendre en charge.